Gestion des sargasses
Publié il y a un mois
La motion défendue par la Région Guadeloupe pour une gouvernance internationale face aux échouements massifs de sargasses a été adoptée à plus de 96 % lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Abou Dhabi. Une avancée diplomatique majeure dans la lutte contre ce fléau écologique et sanitaire.
Avant même l’ouverture officielle du Congrès mondial de la nature de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), qui se tient à Abou Dhabi du 9 au 15 octobre 2025, la Région Guadeloupe a remporté une victoire diplomatique inédite. La motion 029, plaidant pour la création d’une gouvernance internationale dédiée à la gestion des sargasses dans le bassin caribéen, a été adoptée à une écrasante majorité : 96,4 % des États (catégorie A) et 96,3 % des ONG et autres organismes (catégories B et C) ont voté en sa faveur.
Un tournant diplomatique dans la lutte contre les sargasses
Cette motion, rédigée par la Région Guadeloupe avec le soutien de partenaires nationaux et internationaux — Écomaires, UICN France, Ministère des Affaires étrangères, Ministère des Outre-mer — constitue le premier texte adopté dans une enceinte onusienne sur les sargasses. Elle appelle non seulement à une reconnaissance juridique et biologique des échouements massifs, mais aussi à leur prise en compte dans les grandes négociations internationales : COP, Assemblée générale de l’ONU, Sommet des océans…
Le texte s’inscrit dans une stratégie diplomatique de long terme, amorcée dès 2019 lors de la Conférence internationale sur les sargasses en Guadeloupe. Il a également inspiré le Plan d’actions international présenté par la France au Sommet des océans à Nice en juin 2025, consolidant ainsi la voix caribéenne sur la scène internationale.
Un engagement régional renforcé
Cette réussite diplomatique s’accompagne d’une nouvelle responsabilité : la Guadeloupe prend la première vice-présidence de la sous-commission sargasses au sein de la Commission de la mer de l’AEC (Association des États de la Caraïbe). Ce rôle renforce le leadership régional de la collectivité dans la coordination des réponses au phénomène.
Localement, la Région poursuit ses efforts à travers la mise en place d’un service public de gestion des sargasses, axé sur la protection sanitaire des populations, la préservation de la biodiversité côtière et le soutien au tissu économique — notamment les secteurs de la pêche et du tourisme.
Vers une gouvernance internationale des sargasses
Depuis 2011, les échouements de sargasses se multiplient dans la Caraïbe, causés par un cocktail de facteurs : réchauffement climatique, déforestation amazonienne, agriculture intensive, et modification des courants marins. En se décomposant sur les côtes, ces algues libèrent des gaz toxiques (hydrogène sulfuré, ammoniac) et des métaux lourds comme l’arsenic, affectant la santé humaine, les sols et les eaux.
Avec l’adoption de cette motion 029, la Guadeloupe transforme un problème environnemental local en cause internationale. Le signal est clair : les sargasses ne relèvent plus d’un simple enjeu régional, mais d’un défi global qui nécessite une mobilisation sanitaire, scientifique, économique et diplomatique à l’échelle mondiale.